Ginette Paradis reprend sa tournée Lelièvre

Entourée de ses fidèles musiciens, Ginette Paradis reprend son spectacle intitulé De Sylvain… à Lelièvre lors de la présente édition du Festival Québec jazz en juin. Elle convie ainsi les admirateurs du répertoire du poète de Limoilou à la retrouver le dimanche 30 juin à la Scène du Lac du Domaine Maizerets, à 14h. Pour redécouvrir l’homme de mots, pour le pianiste, l’amoureux du jazz: le spectateur est invité à pénétrer dans l’univers de Sylvain à travers une série d’œuvres représentant différents moments de sa vie et de sa carrière. Dès les premiers accords, Ginette Paradis accroche son public et le retient jusqu’à la dernière note. Autour d’elle, des musiciens de grand talent où figurent Gilles Beaudoin au piano et à la direction musicale, Serge Vallières à la contrebasse ainsi que Denis Pouliot à la batterie et aux percussions. À ne pas manquer dimanche prochain et sur la route ces prochains mois.

L’inspiration de Gravelbourg

En mai 1994, il y a 30 ans, Sylvain Lelièvre se rend en Saskatchewan, plus précisément à Gravelbourg, offrir un atelier d’écriture de chansons. Pendant une semaine, celui-ci découvre la petite communauté des Prairies comptant alors un peu plus de 1 000 âmes, dont 30 % de francophones. Située à 1 heure de Moose Jaw et 2 heures de Regina, Gravelbourg a été fondée et développée par l’abbé Louis-Pierre Gravel, d’où origine le nom de la ville. Inscrits à l’atelier de chansons, les jeunes auteurs-compositeurs fransaskois souhaitent enrichir leur talent d’écriture afin d’interpréter leurs oeuvres dans leur langue maternelle: ce qui ne paraît pas une certitude dans cet environnement envahi par la culture anglophone de l’ouest canadien, à un peu moins de 1h30 de la frontière américaine du Montana. Pris au jeu de son propre enseignement, Sylvain lui-même compose une chanson inspirée par son séjour, ce qui lui assure d’emblée le titre de sa pièce: Gravelbourg. À cet égard, le cinquième couplet est évocateur de la teneur du propos:

«Ça fait déjà longtemps qu’au pays fransaskois
Allez savoir comment allez savoir pourquoi
On comprend que la vie ça s’achète en anglais
Que ce soit pour une job ou un litre de lait»
 
Écrite en 1994, Gravelbourg figure quatre ans plus tard sur l’album Les choses inutiles.

Célébration des 30 ans de carrière

En février 1994, Sylvain célébrait ses 30 années de carrière avec un 10e album enregistré devant public: Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves? Cette dernière offrande musicale allait plusieurs mois plus tard permettre au poète de remporter un premier Félix du meilleur auteur-compositeur de l’année. Une récompense ovationnée par toute l’assistance du Théâtre Saint-Denis où se tenait le gala de l’ADISQ à l’automne 1994. Pour l’heure, le lancement de son dernier opus se déroulait à la Butte Saint-Jacques dans le Vieux-Montréal, là où Sylvain projetait de donner une série de spectacles avec ses complices Vic Angelillo et Gérard Masse. Plusieurs amis et artistes étaient présents à cette occasion, dont Gilles Vigneault, pour saluer l’œuvre de Sylvain au cours des 30 années écoulées depuis son premier prix remporté dans le cadre du Concours international Chanson sur mesure de la Communauté radiophonique de langue française.

Thierry Larose: C’était un de nos grands!

Invité à participer à l’hommage sur Sylvain Lelièvre, le jeune auteur-compositeur Thierry Larose se dit honoré d’interpréter les chansons du poète: «J’aimerais montrer aux gens que c’était un de nos grands», s’est-il confié au Journal de Montréal. Dans le spectacle Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves, Thierry Larose a choisi deux de ses chansons favorites du répertoire Lelièvre, à savoir Le drop out et La banlieue; il considère cette dernière comme une des meilleures au monde – «c’est une des chansons les mieux écrites que je n’ai jamais entendues.» Thierry exécute aussi plusieurs duos avec ses compagnons de scène Florence K, Martin Théberge et Joe Bocan, qui signe la mise en scène, dans une orchestration musicale dirigée par Jean Fernand Girard. Ensemble, les interprètes parcourent les plus grands classiques du catalogue: Lettre de Toronto, Moman est là, Old Orchard, Petit matin et finalement Marie-Hélène. La tournée en cours à travers la province est encore à l’affiche à Saguenay (28 février), Saint-Jean-sur-Richelieu (2 mars) et Rimouski (14 mars).

Infos sur la tournée : Productions Martin Leclerc

La basse-ville intemporelle

Dans sa chronique du Soleil, le 30 décembre dernier, le journaliste François Bourque a évoqué la chanson La basse-ville comme un des critères du mystère de l’ADN de Québec. Citant les deux premiers vers du refrain Quand on est de la Basse-Ville, on n’est pas de la Haute-Ville, le chroniqueur rappelle que Sylvain Lelièvre avait bien saisi «la dualité physique et sociale de Québec. Une ville haute du pouvoir, de la petite bourgeoisie et des privilèges. La ville basse des quartiers ouvriers et de la vie ordinaire, entre les hangars de tôle pis les sacs à poubelle». De son côté et de manière similaire, l’ancien maire de Québec, Régis Labaume a aussi emprunté ces paroles pour appuyer ses propos dans une chronique de La Presse avant les élections 2022: «Si, à Montréal, il y avait l’Ouest et l’Est, la topographie de Québec, elle, séparait nettement deux milieux de vie inégaux : la haute et la basse ville. Sylvain Lelièvre a résumé mélancoliquement cette distinction en chantant : Quand on est d’la basse ville, on est pas de la haute ville.» Pareillement, Claude Villeneuve, à l’époque de ses chroniques au Journal de Québec, s’est aussi inspiré du refrain de La basse-ville dans Mon village en ville pour représenter son quartier d’adoption, Limoilou: «Dans mon quartier, on a un poète national. Il s’agit du regretté Sylvain Lelièvre, le barde de Limoilou. Je suis d’une ruelle comme on est d’un village, disait dans sa chanson La basse-ville celui qui avait connu les grandes familles d’avant Vatican II.» Cette pièce-phare a également fait l’objet d’un portrait à Télé-Québec, dans le cadre de l’émission L’espace d’une chanson diffusée en 2015. Le reflet du clivage bourgeois et ouvrier y est abondamment illustré sur le plan historique et social.

Chanson La basse-ville

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