Sylvain à l’honneur sur les ondes de CIBL

L’émission radiophonique Fleur bleue, animée par Justin Leblanc sur CIBL 101,5 FM, consacre cette semaine une série spéciale aux albums emblématiques de Sylvain Lelièvre, en ciblant particulièrement ceux parus en 1978 et 1979. Ces deux disques, tout comme l’artiste lui-même, se démarquent par une richesse musicale et textuelle qui reflète à la fois les préoccupations sociales et la sensibilité poétique de l’auteur-compositeur.

Sylvain Lelièvre (1978) : l’album éponyme incarne une certaine maturité artistique chez Sylvain, où figurent des morceaux à la fois romantiques, portés par une plume poétique fine et un sens aigu de la mélodie. Sylvain s’y révèle comme un conteur d’émotions humaines, explorant des thèmes universels tels que l’amitié, la guerre, l’existence ainsi que l’écriture qui les porte. Il n’y a qu’à penser à Lettre de Toronto, Hiroshima, Le temps des chansons. Sur Intersections (1979), l’auteur-compositeur poursuit sa quête à travers une perspective à la fois personnelle et collective. Ce cinquième album se distingue par des compositions fortes comme Moman est là et La banlieue, à l’exemple de Tu vas voter, pièce éphémère écrite en vue du référendum de 1980, et qui porte encore un message d’espoir. Ces deux albums témoignent de la polyvalence de Sylvain Lelièvre, un artiste capable d’aborder aussi bien des thèmes intimes que des sujets de société. À travers ses compositions, il parvient à créer des ponts entre ces deux univers, d’où le titre évocateur d’intersections. À écouter en différé ce samedi matin 7 septembre à 7h ou via le lien de BaladoQuebec/Fleur bleue

Ginette Paradis reprend sa tournée Lelièvre

Entourée de ses fidèles musiciens, Ginette Paradis reprend son spectacle intitulé De Sylvain… à Lelièvre lors de la présente édition du Festival Québec jazz en juin. Elle convie ainsi les admirateurs du répertoire du poète de Limoilou à la retrouver le dimanche 30 juin à la Scène du Lac du Domaine Maizerets, à 14h. Pour redécouvrir l’homme de mots, pour le pianiste, l’amoureux du jazz: le spectateur est invité à pénétrer dans l’univers de Sylvain à travers une série d’œuvres représentant différents moments de sa vie et de sa carrière. Dès les premiers accords, Ginette Paradis accroche son public et le retient jusqu’à la dernière note. Autour d’elle, des musiciens de grand talent où figurent Gilles Beaudoin au piano et à la direction musicale, Serge Vallières à la contrebasse ainsi que Denis Pouliot à la batterie et aux percussions. À ne pas manquer dimanche prochain et sur la route ces prochains mois.

Célébration des 30 ans de carrière

En février 1994, Sylvain célébrait ses 30 années de carrière avec un 10e album enregistré devant public: Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves? Cette dernière offrande musicale allait plusieurs mois plus tard permettre au poète de remporter un premier Félix du meilleur auteur-compositeur de l’année. Une récompense ovationnée par toute l’assistance du Théâtre Saint-Denis où se tenait le gala de l’ADISQ à l’automne 1994. Pour l’heure, le lancement de son dernier opus se déroulait à la Butte Saint-Jacques dans le Vieux-Montréal, là où Sylvain projetait de donner une série de spectacles avec ses complices Vic Angelillo et Gérard Masse. Plusieurs amis et artistes étaient présents à cette occasion, dont Gilles Vigneault, pour saluer l’œuvre de Sylvain au cours des 30 années écoulées depuis son premier prix remporté dans le cadre du Concours international Chanson sur mesure de la Communauté radiophonique de langue française.

La basse-ville intemporelle

Dans sa chronique du Soleil, le 30 décembre dernier, le journaliste François Bourque a évoqué la chanson La basse-ville comme un des critères du mystère de l’ADN de Québec. Citant les deux premiers vers du refrain Quand on est de la Basse-Ville, on n’est pas de la Haute-Ville, le chroniqueur rappelle que Sylvain Lelièvre avait bien saisi «la dualité physique et sociale de Québec. Une ville haute du pouvoir, de la petite bourgeoisie et des privilèges. La ville basse des quartiers ouvriers et de la vie ordinaire, entre les hangars de tôle pis les sacs à poubelle». De son côté et de manière similaire, l’ancien maire de Québec, Régis Labaume a aussi emprunté ces paroles pour appuyer ses propos dans une chronique de La Presse avant les élections 2022: «Si, à Montréal, il y avait l’Ouest et l’Est, la topographie de Québec, elle, séparait nettement deux milieux de vie inégaux : la haute et la basse ville. Sylvain Lelièvre a résumé mélancoliquement cette distinction en chantant : Quand on est d’la basse ville, on est pas de la haute ville.» Pareillement, Claude Villeneuve, à l’époque de ses chroniques au Journal de Québec, s’est aussi inspiré du refrain de La basse-ville dans Mon village en ville pour représenter son quartier d’adoption, Limoilou: «Dans mon quartier, on a un poète national. Il s’agit du regretté Sylvain Lelièvre, le barde de Limoilou. Je suis d’une ruelle comme on est d’un village, disait dans sa chanson La basse-ville celui qui avait connu les grandes familles d’avant Vatican II.» Cette pièce-phare a également fait l’objet d’un portrait à Télé-Québec, dans le cadre de l’émission L’espace d’une chanson diffusée en 2015. Le reflet du clivage bourgeois et ouvrier y est abondamment illustré sur le plan historique et social.

Chanson La basse-ville

Normand de Bellefeuille retrouve Sylvain

Grand ami de Sylvain, le poète, essayiste et romancier Normand de Bellefeuille s’est éteint le lundi 8 janvier dernier. D’abord confrères au Collège de Maisonneuve au département de Littérature, les deux enseignants se sont liés d’amitié au début des années 1990. Leur lien n’a eu de cesse de se consolider jusqu’à collaborer ensemble sur deux chansons: Les enfants de Lascaux et Chez Dagenais. Cette dernière est un véritable clin d’œil à leur réunions départementales autour d’un «bock ou deux», où ils refaisaient le monde tous les deux. Travaillant à un deuxième roman, après son succès de librairie Le troisième orchestre, Sylvain consultait régulièrement Normand de Bellefeuille pour des conseils d’écriture. Celui-ci a été profondément attristé par le départ trop hâtif de son ami musicien au printemps 2002. À la suite de quoi, il a poursuivi sa riche création littéraire et poétique jusqu’à remporter en 2017 le prix Athanase-David (Prix du Québec).

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