Normand de Bellefeuille retrouve Sylvain

Grand ami de Sylvain, le poète, essayiste et romancier Normand de Bellefeuille s’est éteint le lundi 8 janvier dernier. D’abord confrères au Collège de Maisonneuve au département de Littérature, les deux enseignants se sont liés d’amitié au début des années 1990. Leur lien n’a eu de cesse de se consolider jusqu’à collaborer ensemble sur deux chansons: Les enfants de Lascaux et Chez Dagenais. Cette dernière est un véritable clin d’œil à leur réunions départementales autour d’un «bock ou deux», où ils refaisaient le monde tous les deux. Travaillant à un deuxième roman, après son succès de librairie Le troisième orchestre, Sylvain consultait régulièrement Normand de Bellefeuille pour des conseils d’écriture. Celui-ci a été profondément attristé par le départ trop hâtif de son ami musicien au printemps 2002. À la suite de quoi, il a poursuivi sa riche création littéraire et poétique jusqu’à remporter en 2017 le prix Athanase-David (Prix du Québec).

L’histoire véritable de Marie-Hélène

La chanson la plus populaire de Sylvain Lelièvre est sans contredit Marie-Hélène. Le mystère entourant l’inspiration de cette chanson est désormais résolu avec la publication d’une vidéo relatant la création de cette chanson-phare de l’auteur-compositeur. En effet, dans un bref entretien offert dans le cadre des capsules culturelles Moi, ma chanson, Sylvain Lelièvre explique en janvier 1998 qu’il ne connaissait aucune Marie-Hélène lors de l’écriture de la pièce en 1976. À vrai dire, le personnage en question correspondait plutôt à une génération; la chanson en elle-même représentait davantage la solitude qu’une véritable personne. Ayant enseigné plus de 35 ans au Collège de Maisonneuve, le professeur Lelièvre côtoyait quotidiennement une génération de jeunes adultes traversant une réalité difficile à l’aube de la vingtaine: «c’est pas facile d’avoir vingt ans, c’est plus mêlant qu’avant». À découvrir ici, le récit de l’auteur sur sa chanson: Moi, ma chanson – Sylvain Lelièvre

 
À redécouvrir: les interprétations de Marie-Hélène en 1976 et 2000

L’inspiration Kerouac

Le 12 mars dernier a marqué le 100e anniversaire de Jack Kerouac. Le plus célèbre membre de la Beat Generation a marqué Sylvain Lelièvre, qui a enseigné son œuvre pendant toute sa carrière de professeur de littérature au Collège de Maisonneuve; ce dernier a maintes fois mis au programme deux des romans les plus inoubliables de Kerouac : Sur la route et Big Sur. En 1976, Sylvain Lelièvre lui a rendu hommage dans une chanson simplement intitulée Kerouac, dont le premier couplet est évocateur de l’influence du romancier et poète franco-américain :

«La seule fois que je t’ai vu
À la télé en soixante-sept
T’avais l’air d’un bûcheron perdu
Dans sa légende de poète
Si je t’ai cru presque parent
C’était peut-être, malgré moi
Juste à cause de ton accent
D’un vieux «mon-oncle des États»

La municipalité de Saint-Pacôme, dans le Bas-Saint-Laurent, a mis en œuvre un circuit balado découverte sur les traces du plus connu des beatnik. Une des étapes de ce parcours inclut la chanson Kerouac. Au printemps 2020, l’ancien ministre et comédien Maka Kotto a revisité la chanson de Sylvain Lelièvre dans une narration qui offre une toute autre dimension à la pièce: Lecture de Kerouac

Paroles complètes de la chanson

Les duos avec Fabienne Thibeault

© BAnQ

Dans Mon Starmania, titre de l’ouvrage souvenir de Fabienne Thibeault sur l’opéra-rock, celle-ci rend un bel hommage à Sylvain Lelièvre. La collaboration qu’ils entretiennent s’amorce lorsque cette dernière suit le cours Atelier de chansons, que Lelièvre donne au Collège de Maisonneuve. Fabienne Thibeault y participe pendant deux ans, période au cours de laquelle elle remporte le premier prix du Festival international de la chanson de Granby, en 1974. Durant l’enregistrement de l’album Petit matin, Sylvain Lelièvre invite Fabienne Thibeault à chanter en duo avec lui sa pièce Old Orchard, chanson très populaire du 33 tours. Le succès de Petit matin incite Lelièvre à renouveler l’expérience pour son prochain album, où figure sa célèbre Marie-Hélène. Ils chantent ainsi ensemble sur Programme double et Chanson de Pierrot au printemps 1976.

La salle Sylvain-Lelièvre a 15 ans

À la fin mars, le Collège de Maisonneuve aurait célébré la 7e édition de la FrancoFête de Maisonneuve. Le Foyer du Collège se serait alors transformé en lieu de découverte et d’hommage à un grand homme, enseignant de Maisonneuve, un citoyen engagé, un artiste célébré : Sylvain Lelièvre. Trois ans après son décès, le Collège de Maisonneuve a donné en son honneur son nom à sa grande salle de spectacle. Il y a 15 ans, l’auditorium a été rebaptisé salle Sylvain-Lelièvre. Aussi, afin de palier le climat actuel de confinement, le Service aux étudiants et à la communauté ainsi que le Service des communications a mis en ligne une page dédiée à Sylvain Lelièvre, artiste et enseignant disparu en 2002. La page web se fait l’écho du parcours de l’auteur-compositeur et du pédagogue sous différentes formes : prestations télé et spectacles, courte entrevue et entretien de fond. Un bel univers à explorer de ce grand auteur de chansons, qui a signé deux des pièces les plus connues du répertoire québécois : Petit matin et Marie-Hélène.

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