En mai 1994, il y a 30 ans, Sylvain Lelièvre se rend en Saskatchewan, plus précisément à Gravelbourg, offrir un atelier d’écriture de chansons. Pendant une semaine, celui-ci découvre la petite communauté des Prairies comptant alors un peu plus de 1 000 âmes, dont 30 % de francophones. Située à 1 heure de Moose Jaw et 2 heures de Regina, Gravelbourg a été fondée et développée par l’abbé Louis-Pierre Gravel, d’où origine le nom de la ville. Inscrits à l’atelier de chansons, les jeunes auteurs-compositeurs fransaskois souhaitent enrichir leur talent d’écriture afin d’interpréter leurs oeuvres dans leur langue maternelle: ce qui ne paraît pas une certitude dans cet environnement envahi par la culture anglophone de l’ouest canadien, à un peu moins de 1h30 de la frontière américaine du Montana. Pris au jeu de son propre enseignement, Sylvain lui-même compose une chanson inspirée par son séjour, ce qui lui assure d’emblée le titre de sa pièce: Gravelbourg. À cet égard, le cinquième couplet est évocateur de la teneur du propos:
«Ça fait déjà longtemps qu’au pays fransaskois
Allez savoir comment allez savoir pourquoi
On comprend que la vie ça s’achète en anglais
Que ce soit pour une job ou un litre de lait»
Écrite en 1994, Gravelbourg figure quatre ans plus tard sur l’album Les choses inutiles.