La basse-ville intemporelle

Dans sa chronique du Soleil, le 30 décembre dernier, le journaliste François Bourque a évoqué la chanson La basse-ville comme un des critères du mystère de l’ADN de Québec. Citant les deux premiers vers du refrain Quand on est de la Basse-Ville, on n’est pas de la Haute-Ville, le chroniqueur rappelle que Sylvain Lelièvre avait bien saisi «la dualité physique et sociale de Québec. Une ville haute du pouvoir, de la petite bourgeoisie et des privilèges. La ville basse des quartiers ouvriers et de la vie ordinaire, entre les hangars de tôle pis les sacs à poubelle». De son côté et de manière similaire, l’ancien maire de Québec, Régis Labaume a aussi emprunté ces paroles pour appuyer ses propos dans une chronique de La Presse avant les élections 2022: «Si, à Montréal, il y avait l’Ouest et l’Est, la topographie de Québec, elle, séparait nettement deux milieux de vie inégaux : la haute et la basse ville. Sylvain Lelièvre a résumé mélancoliquement cette distinction en chantant : Quand on est d’la basse ville, on est pas de la haute ville.» Pareillement, Claude Villeneuve, à l’époque de ses chroniques au Journal de Québec, s’est aussi inspiré du refrain de La basse-ville dans Mon village en ville pour représenter son quartier d’adoption, Limoilou: «Dans mon quartier, on a un poète national. Il s’agit du regretté Sylvain Lelièvre, le barde de Limoilou. Je suis d’une ruelle comme on est d’un village, disait dans sa chanson La basse-ville celui qui avait connu les grandes familles d’avant Vatican II.» Cette pièce-phare a également fait l’objet d’un portrait à Télé-Québec, dans le cadre de l’émission L’espace d’une chanson diffusée en 2015. Le reflet du clivage bourgeois et ouvrier y est abondamment illustré sur le plan historique et social.

Chanson La basse-ville

Le barde de Limoilou

Limoilou, 25 juillet 2015

Dans une chronique fort touchante, le journaliste du Journal de Montréal, Claude Villeneuve, décrit Sylvain Lelièvre comme le barde de Limoilou. Hommage personnel à l’auteur de La basse ville, dont il reprend le vers pour dépeindre son coin de quartier : «Moi je suis d’une ruelle comme on est d’un village». Dans son chaleureux texte intitulé Mon village en ville, Claude Villeneuve invite à découvrir sous sa plume intimiste tout le cachet que regorgent les ruelles de Limoilou, dont il est un résident paisible et heureux. À travers son récit se tissent les mêmes images que celles racontées par Lelièvre dans ses chansons sur Québec, dans sa Basse-Ville natale.

Aux dires de Claude Villeneuve, Limoilou a son «poète national» en Sylvain Lelièvre.


La basse ville (1975)

Moi je suis d’une ruelle
Comme on est d’un village
Entre les hangars de tôle
Pis les sacs à poubelle
Entre la Huit pis la Neuf
Entre la Deux pis la Trois
Entre l’école pis l’église
Ma p’tite enfance est là

REFRAIN:

Quand on est d’la basse ville
On n’est pas d’la haute ville
Y en a qui s’en souviennent
D’autres qui s’en souviennent pas
Moi c’est par là qu’mes rêves
Se font des téléphones
Les jours qu’le mien sonne plus
Que j’attends plus personne (…)

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